C’est une situation qu’on rencontre assez souvent en orthophonie : un patient qui, malgré sa présence en séance, est convaincu que son trouble ne s’améliorera jamais. Et là, on se retrouve face à un vrai défi. Comment faire pour raviver la motivation de ce patient et le pousser à croire qu’il peut progresser, même quand tout semble bloqué ?

Quand la motivation du patient flanche : un cas pratique

Imaginons un peu : un patient avec un trouble neurologique (non dégénératif) arrive à sa séance avec le sourire, mais vous lance, tout de même, qu’il ne voit pas comment sa situation pourrait s’améliorer. Vous faites quoi, vous ? On part sur l’idée « pas de demande, pas de prise en charge », comme ce serait le cas pour un parent qui vient à contrecœur, mais qui exprime vraiment très clairement son mécontentement ? 

Je ne crois pas ! Parce qu’un patient qui vient avec plaisir, mais qui pense que rien ne changera, est un patient qui a de fausses croyances. Et ça, ça peut se changer. Un vrai dialogue, un peu d’éducation thérapeutique (je n’aime pas trop ce terme, mais je ne sais pas trop quel autre terme employer), et ça peut repartir sur de bonnes bases.

Alors, comment faire ? Voici quelques pistes pour rétablir la motivation et relancer la dynamique de la prise en charge.

1. Clarifier ses croyances : le point de départ

La première chose à faire, c’est de comprendre pourquoi ce patient pense que rien ne va évoluer. Et pour ça, une petite question toute simple peut déjà tout changer : « Qu’est-ce qui vous fait croire que la prise en charge n’aura aucun résultat ? »

Les réponses sont souvent intéressantes : « Un ami a eu la même chose et ça n’a pas bougé », « J’ai lu sur Internet que ça ne sert à rien », ou encore « Ça fait déjà 3 mois que je viens et je ne vois pas de changement. » C’est là que tu peux commencer à déconstruire ces croyances limitantes. À partir de cette première réponse, tu vas pouvoir – avec ton expérience et tes connaissances d’orthophoniste – apporter des éclairages au patient.

2. L’outil d’évaluation personnalisé : pour montrer les progrès

Un autre gros frein à la motivation du patient, c’est que les progrès, même petits, passent souvent inaperçus. Les attentes sont parfois tellement grandes qu’on oublie de regarder les petites victoires. Si on n’a pas de point de départ clairement défini, on oublie souvent où on en était au début. Alors, pourquoi ne pas créer un outil d’évaluation simple et personnalisé pour suivre les progrès, même les plus minimes ?

Première étape : établir la ligne de base

Commence par fixer avec ton patient son « état de départ » : comment il se sent, où il en est selon le bilan, mais aussi comment il se perçoit sur le plan émotionnel ? Parce qu’au fond, même si le trouble ne bouge pas du tout, accepter ses difficultés et apprendre à mieux les vivre, c’est déjà un progrès en soi ! 

Deuxième étape : les Plus Petits Pas Possibles (PPPP)

Liste avec ton patient les Plus Petits Pas Possibles (PPPP). Ils correspondent à tous les petits progrès qui pourraient être observés en lien avec le projet thérapeutique (ex : pour une paralysie facile, réussir à mobiliser le muscle orbiculaire du côté touché de 2/3 mm). Ces petites victoires vont permettre à ton patient de voir que, même si ça avance doucement, ça avance quand même.

Troisième étape : faire le point régulièrement

Il est important de faire régulièrement le point avec le patient, selon un rythme qui lui convient. Cela peut être chaque mois, ou plus souvent si nécessaire. Le but ? Avoir un vrai journal de suivi, où il peut voir son évolution au fur et à mesure. En relisant ce journal, le patient pourra se rendre compte des progrès réalisés, même si au début il n’en avait pas conscience.

Pour continuer la réflexion : Entretien motivationnel (has-sante.fr)