Parler d’argent, ce n’est pas ta partie préférée dans le métier ? Tu n’es pas la seule. Mais ce flou autour du règlement des séances, il a un coût : financier, mental, relationnel. Tu n’es pas « trop gentille » si tu laisses passer les oublis de paiement. Tu manques juste d’un cadre clair et assumé. Et la bonne nouvelle, c’est que ça s’apprend !

Cadrer le paiement, ce n’est pas accessoire

Un oubli de paiement, ça peut arriver à tout le monde. Mais quand c’est la 2ᵉ, la 3ᵉ, voire la 4ᵉ fois… Tu commences à le prendre pour toi. Tu te demandes si c’est un manque de respect, ou si c’est toi qui n’as pas su fixer un cadre clair dès le début.

Chaque oubli, c’est une micro-perturbation dans ta posture professionnelle. Tu dois décider si tu relances ou pas, comment tu le dis, quand tu le dis. Tu anticipes la gêne du patient, sa réaction possible, ton propre malaise. Et ce scénario mental, tu te le rejoues 3-4 fois avant la séance, alors que tout ça pourrait être évité avec une consigne claire dès le départ.

Ce n’est pas (que) une question d’argent

C’est une histoire d’équilibre. Plus tu laisses des zones de flou dans ton cadre, plus tu risques d’en faire trop, d’accumuler de la frustration et de basculer en mode sur adaptation. Et au bout de quelques semaines, tu t’aperçois que ce patient te coûte bien (en énergie et en tension mentale) plus que ce qu’il te rapporte.

3 pistes concrètes pour te réapproprier ton cadre

Quand tu ne poses pas de cadre clair, tu laisses place à l’interprétation. Pour certains patients, « j’ai oublié mon moyen de paiement » ne veut pas dire « je vais régulariser rapidement », mais plutôt « on verra bien si elle insiste ». Et chaque interprétation floue, c’est une dose de stress, d’anticipation et de rumination en plus pour toi.

En précisant dès le départ ce qui est attendu, tu limites ces micro-conflits internes et les situations ambiguës qui te pèsent plus qu’il n’y paraît.

1. Note-toi la relance (pour t’éviter de l'avoir dans la tête)

Un oubli de paiement ? Évite de te dire « je penserai à lui redemander la semaine prochaine ». Tu n’y penseras pas. Ou alors, tu y penseras dix fois, avec une petite boule au ventre chaque fois.

➡️  Utilise ton outil d’organisation (Notion, appli to-do, carnet…) pour planifier la relance le jour du prochain RDV.

🧘‍♀️ Une tâche écrite = une pensée en moins à ruminer.

2. Décide à l'avance de ce que tu fais au 2e oubli (et pose ce cadre dès le 1er jour !)

Premier oubli : OK.
Deuxième : qu’est-ce que tu fais ? Tu laisses passer encore ? Tu refuses la séance ?

➡️ Ce n’est pas le jour même qu’il faut réfléchir à ça. C’est maintenant.

🧘‍♀️ Plus tu anticipes les situations inconfortables, plus tu les gères avec clarté et sérénité. Et surtout : pose ce cadre dès la 1re séance, pour ne pas te sentir coincée plus tard (et puis comme ça, le patient est au courant !).

3. Teste une autre fréquence de paiement

Trop d’oublis ? Et si le problème venait du rythme de règlement ? Quand les patients règlent chaque séance, ils y pensent. Quand c’est en fin de mois, l’habitude glisse facilement.

🎯 Tu peux tester de nouvelles modalités (paiement par séance, quinzaine, virement automatique…) pour voir ce qui limite les oublis chez ta patientèle.

Tu ne peux pas poser un cadre… sans en incarner les contours

Si tu penses au fond de toi que parler d’argent avec un patient, ce n’est « pas très thérapeutique », alors tu t’excuses, tu minimises, tu t’effaces. Et le message implicite envoyé, c’est : « Tu peux repousser, oublier, contourner, ça ira ». Ton cadre commence par ce que tu tolères et il se voit bien avant ce que tu dis.

Une formation pour cadrer sans culpabiliser

Ce thème est d’ailleurs au cœur de ma formation Cadréo. Découvre comment cadrer sans culpabiliser et comment rendre explicite ce qui est encore implicite (oublis de paiement, absences, relation aux familles…).

Pour continuer la réflexion : Le contrat thérapeutique en orthophonie (HopToys).