Tu t’apprêtes à poser ton cadre, tu sais que c’est important… Mais tu bloques toujours au moment de passer à l’action ? Ce n’est pas un problème de formulation mais souvent un manque de clarté intérieure. Et ce flou que tu ressens, il se traduit dans ta posture, dans tes hésitations… et dans les ruminations interminables à propos de ce que tu aurais dû faire dans telle ou telle situation. Avant même de penser aux bons mots, tu peux déjà commencer par te poser les bonnes questions.
C’est quoi “le cadre” en orthophonie ?
Un reflet de ta posture professionnelle
C’est finalement l’ensemble des règles de fonctionnement et des règles « relationnelles » implicites et explicites qui vont s’exprimer à travers ta posture professionnelle. Ce cadre, il est, lui aussi – comme ta posture – très en lien avec ta personnalité et tes besoins. Il va évoluer au fur et à mesure de ta carrière professionnelle (plus ou moins). On imagine parfois qu’il n’existe qu’un seul cadre à poser, mais en fait, on peut en identifier quatre !
Les 4 types de cadre à poser
👉 Le cadre clinique interne : il parle de ton fonctionnement clinique propre et n’a pas à être explicitement verbalisé à tous tes patients.
Exemple : Quelles sont les pathologies avec lesquelles je ne suis pas à l’aise et que je ne souhaite pas prendre pour le moment.
👉 Le cadre clinique externe : il parle de ton fonctionnement clinique propre et doit être verbalisé d’une manière ou d’une autre à tes patients.
Exemple : Quel est le mode de fonctionnement que je vais proposer aux familles en termes de partenariat parental.
👉 Le cadre extra-clinique interne : il parle de ton fonctionnement extra-clinique et n’a pas à être explicitement verbalisé à tous tes patients.
Exemple : définir ton emploi du temps idéal.
👉 Le cadre extra-clinique externe : il parle de ton fonctionnement extra-clinique et doit être verbalisé d’une manière ou d’une autre à tes patients.
Exemple : définir avec le patient les modalités d’annulation des séances.
Clarifier pour éviter les dérives
À l’intérieur de chacun de ces 4 cadres, il y a de nombreux éléments à clarifier entre toi et toi-même, mais aussi bien évidemment avec tes patients. Si ces éléments sont obscurs pour toi et pour ton patient, alors tu risques de te retrouver avec un cadre qui est malmené, avec toutes les conséquences que cela peut avoir : épuisement professionnel, perte de sens, émotions de colère au quotidien, sentiment de ne pas être respectée, boule au ventre, stress, etc.
Avec qui poser le cadre ?
Évidemment, quand on pense « cadre », on pense aux patients. Ils seront les premiers récepteurs de ce cadre… et pourtant, ils ne seront pas les seuls.
Avec tes collègues orthos
Qu’il s’agisse de tes collaboratrices, de remplaçantes, d’associées… Il s’agira d’évaluer ce qui est ok pour toi ou non, en amont d’une association, d’une collaboration ou d’un remplacement (pour savoir si tu acceptes ou pas). Mais aussi toi, lorsque tu vas chercher une remplaçante.
Avec les institutions (CMPP, HAD, EHPAD...)
Quand procèdent-elles au paiement des séances ? Sous quels délais doivent-ils te prévenir s’ils souhaitent ta présence lors d’une réunion ? Quelles sont tes disponibilités si certains salariés souhaitent échanger avec toi ? etc.
Avec les pros de santé ou du monde psycho-éducatif
Quelle disponibilité vas-tu donner pour les échanges extra-séance ? Quel mode de communication tu vas privilégier ? Quel sera ton délai de réponse si tu échanges par email ? etc.
Comment poser le cadre ?
Sois claire avec toi-même
La première chose à faire, c’est de comprendre que la clarté intérieure est un préalable indispensable à toute communication de ton cadre à l’extérieur. Si tu n’es pas claire avec toi-même sur ce qui est ok pour toi et ce qui ne l’est pas, évidemment ton message ne sera pas clair.
Aligne ton cadre avec ta personnalité
Si tu n’es pas « alignée » avec ton cadre (= tu copies le cadre de quelqu’un d’autre en pensant que c’est la bonne formule, mais tu n’es pas à l’aise du tout), alors tu trouveras toutes les excuses pour ne pas le verbaliser : « Non mais là, on n’avait pas le temps, je lui dirai la prochaine fois….«
Anticipe les réactions possibles
Si tu n’as pas imaginé différents scénarios possibles lorsque le patient va te répondre, tu risques d’être décontenancée à la moindre négociation rencontrée.
« Ouiiii, je comprends que vous vouliez annuler la séance parce que j’ai plus de 10 minutes de retard, mais je vous assure qu’on est venus en courant parce que ma voiture n’avait plus de batterie. Svpppppp« .
Commence par le “quoi”, le “comment” viendra ensuite
Bref, tu l’as compris, avant de réfléchir au comment, il va falloir penser au quoi. Une fois que ce « quoi » sera parfaitement clair, le comment sera bien plus simple à mettre en place.
Tu pourras alors t’interroger à la fois sur :
- le fond (les mots que tu utilises, la formulation, la vérification…),
- et la forme : tu choisis de communiquer à l’oral ? À l’écrit ? Par téléphone ? Tu acceptes les échanges à propos du cadre par SMS ? etc.