Savoir poser des limites quand on est ortho, ce n’est pas un « petit plus » : c’est une vraie compétence. Une compétence précieuse, qu’on n’apprend pas toujours, mais qui peut faire toute la différence dans notre équilibre au quotidien.

Aujourd’hui, je te propose une courte réflexion à partir d’un témoignage que j’ai reçu. Je vais te parler de Céline (prénom fictif), orthophoniste en salariat, et de la difficulté qu’elle a eue à poser ses limites dans son travail. Ce n’est pas une situation avec un patient — comme on en voit souvent — mais une remise en question autour du lien hiérarchique. Un sujet un peu moins visible… mais tout aussi important.

Le témoignage de "Céline"

« Ce qui me vient à l’esprit et qui a été une difficulté, ce n’est pas forcément directement avec les patients, mais avec mes cheffes. Je suis en salariat, j’apprends au fur et à mesure à ne pas me faire manger, mais j’ai eu énormément de difficulté à nommer mes limites. Pour la faire courte, dans mon service, il y a une notion de rendement et donc de nombre de rdv par semaine. Et ce nombre est démesuré. Dans un premier temps je n’ai rien su dire et j’ai absorbé la pression. Et j’en ai beaucoup souffert, puis j’ai eu beaucoup de mal à poser des limites. Alors je ne sais pas ce que vivent les autres orthos et si elles se retrouveront là dedans, mais ça pourrait être intéressant de se pencher sur cet aspect ! »

1. Connais tes limites pour mieux les nommer

Comment poser des limites et les exprimer clairement aux autres si tu ne sais pas où elles se situent ?  Pire, tu n’auras peut-être même pas conscience que tes limites sont dépassées jusqu’à ce qu’il soit « trop tard » et que tu sois en arrêt maladie pour burn-out.

Les limites sont généralement connectées à nos besoins et à nos valeurs. Si tu connais bien ces éléments, tu seras plus à même de déterminer quelles sont tes limites (= ce que tu peux accepter et ce que tu ne veux surtout pas accepter).

Dans le cas de Céline, était-elle d’accord avec le principe du rendement dans le cadre de son travail d’orthophoniste ? Ce dernier est-il en accord avec ses valeurs ?  Est-ce qu’un rythme de travail aussi intense, qui la pousse à accepter des rendez-vous à la chaîne, est compatible avec ses besoins, à la fois professionnels et personnels ?

2. Sois (très) à l'aise avec tes propres limites

Une fois que tu as bien identifié tes limites, besoins et valeurs, le vrai défi, c’est de les assumer. Si tu n’assumes pas ce qui est important pour toi, il y a peu de chances que tu aies la force de le dire haut et fort. Et parfois, ça ne dépend même pas de toi, mais de ton environnement.

Parfois, on n’assume pas ses limites/valeurs parce que :

  • Elles sont en contradiction avec l’environnement dans lequel on évolue. Dans le cas de Céline, si la notion de rendement dans le soin est en contradiction avec ses limites (et mieux, ses valeurs et besoins) mais qu’elle constate que tout le monde autour d’elle semble l’accepter, alors elle pourra peut-être se sentir « à l’écart » et avoir peur de s’affirmer dans ce contexte.
  • On a peur de la réaction de l’autre. Si la cheffe de service impressionne Céline, pour une raison ou pour une autre, alors il y a des chances qu’elle n’ose pas exprimer son désaccord.
  • On a peur que cela ait un impact irrémédiable. Si Céline pense qu’on exprimant son désaccord, elle va se mettre sa cheffe à dos ou, pire, qu’elle va être licenciée (et que c’est important pour elle de conserver son poste), alors elle va taire ses limites.

3. Accepte que tes limites ne soient pas toujours entendues

Pour pouvoir oser nommer ses limites, il faut aussi accepter qu’elles ne seront peut-être pas entendues et que cela sous-entendra donc un potentiel point de rupture.

Peut-être que dans le cas de Céline, exprimer ses limites aura pour conséquence un arrêt de son travail dans la structure. Si cette dernière a une manière de fonctionner qui est totalement en contradiction avec ses valeurs et ses besoins, c’est peut-être un mal pour un bien. 

C’est un peu pareil avec nos patients. Si on dit à un patient fermement qu’il ne peut pas arriver 15 minutes en retard à chaque séance, cela aura peut-être pour conséquence que ce dernier se vexe et qu’il veuille arrêter le suivi.

Et en même temps, est-ce mal que d’arrêter les suivis qui sont en contradiction avec ce qui est important pour nous ? Je ne crois pas.

4. Tu as le droit de changer d’avis

Tu n’es pas figée dans une situation. Même si tu as accepté un poste avec certaines conditions, rien ne t’empêche de changer d’avis si, après quelques semaines d’essai, tu te rends compte que cela ne te correspond plus. Cela pourrait même être une vraie victoire !

Dans le cas de Céline, elle pourrait décider, après quelques temps, que le rendement imposé par la structure ne lui convient pas. Elle a alors le droit de prendre un moment pour en parler avec sa cheffe, ou même de quitter ce poste si elle estime que ce n’est plus possible. Si elle choisit cette dernière option, ce ne serait pas un échec, mais un acte de courage : celui de prendre soin d’elle et d’être fidèle à ses valeurs.

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